L'empire des auras,
Nadia Coste, éd. Seuil, dès 13 ans.
C'est notre monde dans pas si longtemps... 43 ans à peine. On a découvert que l'être humain dégageait une aura, bleue ou rouge. Et puis, le docteur Peysson a divulgué ses recherches: 95% des prisonniers ont une aura rouge. Il n'en fallait pas plus pour scinder la société en deux. d'un côté les bleus, les vertueux, les privilégiés. De l'autre les rouges, les dangereux, les criminels en puissance, les parias.
C'est tellement plus facile... plus besoin de clairvoyance ou d'intime conviction, il suffit de scanner l'autre avec son smartphone pour savoir s'il est bon ou mauvais. Cette discrimination massive a évincé toutes les autres. En 2059, fini les ségrégations dues aux religions, à l'orientation sexuelle, aux richesses ou à la couleur de la peau. Seul compte la couleur de l'aura.
La jeune Chloé n'a rien a craindre avec son aura azure. Bien sûr, elle redoute la "bascule", le changement de couleur de son aura comme cela peu arriver mais pour le moment, elle est bien considérée, monte à l'avant des transports en commun avec les autres pures, est certaine de trouver un emploi stable dans l'avenir et craint les rouges comme lui a enseigné son éducation stricte.
Mais voilà, quand son père se retrouve au chômage, Chloé doit quitter son lycée privé réservé à l'élite bleue et intégrer un lycée mixte où les deux couleurs d'aura ses côtoient. Là, très vite, elle constate l'évidence: les rouges ne sont pas des "bombes à retardement" comme lui a martelé sa bigote de mère, et les bleus ne sont pas tous des anges. Chloé voit ses convictions basculer tout comme son aura qui se met à changer de couleur...
Ce roman détricote et expose les mécanismes de discrimination absurdes basés sur une découverte dont la totale compréhension n'est pas acquise. Personne ne sait ce qui provoque la "bascule" ni pourquoi un être censé être vertueux peut soudain devenir rouge. Que devient une société qui base son fonctionnement, son éducation, sa justice, ses médias, son infrastructure sur une telle scission dont elle ne maîtrise pas les fondements.
Nadia Coste (Feydelins) pousse le lecteur à ouvrir les yeux, à comparer avec le monde qui l'entoure, à remettre en question le bien-fondé des discriminations actuelles. 2016, une époque idéale pour ce genre de prise de conscience!