De cape et de mots, Flore Vesco,
éd. Didier Jeunesse, dès 15 ans.
Autant Les petites reines, avec son autodérision, était pour moi assez représentatif de l'esprit belge, autant De Cape et de Mots respire l'esprit français, celui qui avait déjà cours au XVIIème siècle, celui du bon mot et de l'intelligence du verbe qui triomphe de tout.
L'héroïne, Serine, vit avec sa mère et ses 6 plus jeunes frères dans un château en ruine et courants d'air. Pour échapper à une mariage programmé, la jeune fille de 17 ans s'enfuit et rejoint la capitale avec l'intention de devenir demoiselle d'honneur. Sa mère l'avait prévenue: "Ma chère, vous ne tiendrez pas deux jours à la Cour" et c'est vrai que la Cour est un monde impitoyable mais c'était bien mal connaître Serine, son imagination et sa vivacité d'esprit hors du commun!
La jeune fille parvient a entrer au service d'une reine tyrannique, vénale et capricieuse qui n'hésite pas à user et abuser de la servilité de ses demoiselles, un essaim de froufrous qui se tirent dans les plumes. Serine va découvrir la ruche bouillonnante et dangereuse qu'est le palais royale, ses activités secrètes et nocturnes, ses courtisans corrompus, ses cuisines, ses geôles, ses hypocrisies et ses conspirations, ses petites gens qui travaillent jusqu'à épuisement. Heureusement pour elle, Serine a les dons d'observation et de déduction d'un Sherlock Holmes, la ruse du goupil, l'agilité d'une Catwoman, la répartie d'un Molière et le vocabulaire du Petit Robert. Elle a les yeux en face des trous et la langue certainement pas dans sa poche! Serine découvre, Serine empêche, sème le doute et la zizanie, Serine met sa vie en danger et renaît de ses cendres, s'attire les faveurs du roi et les foudres de la reine, est redoutée pour son franc-parler, condamnée et s'en sort encore une fois!
Flore Vesco nous offre un premier roman savoureux, plein d'espièglerie et de rebondissements, elle traite avec humour et légèreté des sujets qui ne sont ni drôles ni légers, tels la torture, les assassinats et les mascarades de justice. Elle utilise les mots comme des gourmandises ou des poignards. Bref, un roman comme un petit four doux-amer avec pochette surprise et bonnet à grelots en sus!