"Miss Pook"

Miss Pook et les enfants de la lune
Bertrand Santini, éd. Grasset Jeunesse, dès 10 ans.

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Le contexte historique est planté: Paris, 1907, les bureaux de Gustave Eiffel font repeindre la tour éponyme en jaune brun, nous sommes en décembre et il neige. C'est le début de l'automobile et monsieur Dubenpré vient de s'acheter un splendide cabriolet Renault rouge foncé. Quant à madame Dubenpré, elle a trouvé la perle rare pour s'occuper d' Élise, leur fille de neuf ans. Ça commence donc un peu comme Mary Poppins avec l'arrivée par les airs de Miss Pook, une charmante gouvernante anglaise chapeautée et d'un curieux malaise qui frappe les autres postulantes et les élimine comme par magie. Puis l'on retrouve des petits airs de Miss Charity avec un humour acerbe que l'on a déjà dégusté dans Le Yark et la dénonciation moqueuse de ce qu'était la vie et l'éducation pour une petite fille dans une famille au tout début du XXème siècle et dont les géniteurs sont issus de la haute bourgeoisie. 
Après avoir tissé une tendre complicité avec Élise, Miss Pook la convainc grâce à des révélations absurdes sur ses parents, de fuir sa famille et d'aller habiter avec elle sur la lune. Le récit tombe alors dans le fantastique et dans une aventure digne de Peter Pan c'est à dire avec ses rêves mais aussi avec ses monstres. Cela m'a aussi rappelé le premier ouvrage de science fiction connu à ce jour: Voyage dans la lune de Lucien de Samosate. Nous l'avions étudié au cours de grec et j'avais adoré la fantaisie des créatures imaginées par l'auteur syrien du IIème siècle (je me souviens qu'il y avait un endroit sur la lune où se trouvait les heures perdues). 
Bref, sur la lune, la petite fille découvre la vraie nature de la soit disant gouvernante et rencontre des personnages issus de la mythologie et des contes qui vont la pousser à se surpasser, à chercher et à comprendre que Miss Pook lui a menti et qu'un complot se prépare. Réussira-t-elle à le déjouer? Le triomphe en sera- t-il véritablement un?  Le jugement ne sera-t-il pas trop rapide et la vérité trompeuse? 
Un vrai voyage plein de surprises, d'imagination, d'humour (noir), d'enseignements et de sources de réflexion. Le vocabulaire est soutenu et l'auteur joue avec les mots (comme le langage de l'extra-terrestre) parce qu'il croit en l'intelligence des enfants et les tire vers le haut! J'ai même appris une nouvelle expression: "une voix de rogomme"! 
La fin termine sur un retournement de situation et un suspens intolérable en la phrase fatidique:

FIN DE L'ÉPISODE I

Au fil des pages:
- Ces aventures ont révélé la force qui est en toi. Les cauchemars  ne sont pas aussi malfaisants qu'on croit. Bien au contraire! Il faut être à leur écoute. Ce sont de précieux alliés. Ils alertent des périls qui rôdent autour de soi mais aussi en soi! N'oublie jamais cela: si l'ombre et les ténèbres te font dresser les cheveux sur la tête, c'est pour mieux t'aider à grandir.